252                       Les Spectacles dela Foire.
s'approcha avec fa brigade plus près d'eux et leur dit qu'ils s'entretenoient d'un honime qui ne tiendroit pas longtems l'Opéra-Comique et que cefpectaclene fe foutiendroit pas jufqu'à la moitié de la foire ; que ledit lieur plaignant étoit un gueux, un maraud, un fripon, qui avoit volé la défunte dame mar-quife de Chabannois, que lui fleur Bataille l'avoit conduit à la Baftille (') et que l'année dernière il l'avoit mis au Châtelet où il devoit retourner bientôt, et autres injures infolentes. Pourquoi et attendu ce que deffus que ledit fleur plaignant à intérêt d'arrêter le cours de difcours auffi iujurieux contre fon honneur et fa réputation qui peuvent lui faire un tort confidérable, il a été confeillé de nous rendre la préfente plainte.
(Archivet des Comm., n° 3490.) II
L'an 1734, le Davril, huitheures du foir, nous Michel-Martin Grimperel, etc., ayant été requis, fommes tranfporté rue de Buffi, en une maifon où fe tient l'Opéra-Comique, où étant dans le bureau de recette à gauche, y avons trouvé le fleur Pierre Boiffet, huiffier-prifeur audit Châtelet, accompagné de Pierre Hervy, huillier à verge audit Châtelet : lefquels notis ont dit qu'en vertu de deux ordonnances de M. le lieutenant général de police en date des 4 et 24 mars dernier, dont ils nous ont fait apparoir, ils fe font tranfportés, il y a environ une heure, dans le bureau de recette dudit Opéra-Comique à l'effet de contraindre le fleur Chenu, receveur des deniers dudit Opéra-Comique ct autres, de remettre les deniers de fa recette ès mains dudit fleur BoitTct comme féqueftre, nommé par lefdites ordonnances, pour être lefdits deniers diftribués conformément auxdites ordonnances. Mais au lieu par ledit Chenu ct autres d'y fatisfaire, ils auroient donné avis de ce au fleur Devienne, entrepreneur dudit Opéra, qui à l'inftant auroit afTemblé et attroupé autour dudit bureau, nombre d'acteurs, actrices, danfeurs, danfeufes, muficiens et gagiftes pour empêcher l'exécution defdites ordonnances. Lefquels parti­culiers fe feroient oppofés à la remife defdits deniers par ledit Chenu ét auroient fait menace' auxdits Boiffet et Hervy de les affommer en difant que fi ils fortoient avec un fol de la recette, ils alloient les écharper par mor­ceaux. Attendu lequel rifque, ils ont été obligés de requérir notre tranfport à l'effet de nous rendre plainte de ce que deffus. Nous requérant en outre de faire exécuter lefdites ordonnances, et ayant pris' communication defdites ordonnances et nous mettant en devoir de les exécuter, il s'eft élevé un fi grand tumulte et émeute de la part defdits acteurs, actrices, danfeurs, dan­feufes, que gagiftes et autres qu'il n'a pas été poffible de faire mettre lef­dites ordonnances à exécution quoique, au préalable, nous ayons eu la pré-
(1) C'était vrai : Devienne était resté trois ans à la Bastille pour avoir acheté des diamants perdus par une grande dame.